Nous avons tous un rôle à jouer dans la préservation des milieux aquatiques de notre Guadeloupe. Dans un archipel se distinguant par la grande densité de son réseau hydrographique en eaux dynamiques (rivières), stagnantes (mares) et souterraines ; la journée mondiale de l’eau(1) du 22 mars 2021, dont le thème cette année est « la place de l’eau dans nos sociétés et comment la protéger », est l’occasion de mettre à l’honneur cette précieuse ressource.
Composant les milieux aquatiques de l’Ile aux Belles Eaux, notre mer, nos cours d’eau, nos plans d’eau et autres nappes souterraines sont de véritables écrins d’une biodiversité riche au point d’être érigée en hot spot mondial. Mais, nos modes de vie et incidemment d’aménager et d’habiter génèrent des pressions qui impactent fortement ces milieux.
Plusieurs études sur l’état de notre biodiversité(2) et des milieux aquatiques(3), confirment en effet que « l’or bleu » souffre des effets conjugués de nos activités et du changement climatique.
Les dysfonctionnements en alimentation et en assainissement mettent en évidence, dans nos politiques urbaines, une défaillance en amont, à considérer l’eau (à la fois risque et ressource) comme un véritable facteur d’aménagement.
En aval, force est de constater la vétusté d’une part, des systèmes de collecte et de traitement des eaux usées et l’utilisation modérée, d’autre part, de l’arsenal d’outils de préservation, notamment sur les zones de captage.
Depuis quelques mois, nos coraux souffrent(4) particulièrement d’une affection les attaquant jusqu’à provoquer leur mort. Nos barrières coralliennes sont pourtant à la fois des remparts contre l’érosion côtière, des lieux de reproduction pour les poissons et de découverte pour les férus du grand bleu.
Plusieurs sites de baignades sont fermés(5), en raison d’une mauvaise qualité de l’eau, imputable notamment à l’épuration des eaux usées.
Cela prive notre population, dans le contexte COVID-19 actuel, d’un espace marin reconnu pour ses vertus de détente, voire sa fonction thaumaturge.
Outre les eaux usées(6), les effluents industriels, les résidus de produits phytosanitaires et les eaux de pluies (lessivant les sols et surfaces imperméabilisées dont les routes) participent de cette dégradation(7).
Trop de déchets(8) sont encore déversés dans les espaces naturels sensibles tels que les sous-bois, les champs ou les mangroves.
La dégradation de ces milieux impacte notre patrimoine culturel et naturel (habitat, crabes, microbiologie…).
Il est plus que temps d’agir et d’agir collectivement autour d’un objectif : la sauvegarde du patrimoine naturel de la Guadeloupe, notre bien commun.
C’est par le prisme de l’aménagement du territoire qu’une solution pérenne peut émerger.
Elle aurait pour base l’outil cardinal d’équilibrage des ressources et des moyens de notre d’Archipel : « le schéma d’aménagement régional ».
La révision actuelle de ce document de planification, qu’il faut rendre le plus prescriptif possible, ouvre la possibilité de concilier les différents enjeux de développement territorial, dont la préservation de l’eau et de la biodiversité. Ses conclusions devront urgemment irriguer les politiques locales au travers des Schémas de Cohérence Territoriale (SCoT), des Plans Locaux d’Urbanisme (PLU) et autres documents, afin d’enrayer le déclin des espaces naturels et réserver un avenir meilleur aux générations futures.
Dominique LABAN
Directeur de l’Office de l’Eau Guadeloupe
Jack SAINSILY
Directeur du Conseil d’Architecture d’Urbanisme et de l’Environnement Guadeloupe
Pour en savoir plus :
1- Site internet de la journée internationale de l’eau
2- Schéma régional du patrimoine naturel et de la biodiversité de Guadeloupe
3- Schéma directeur d’aménagement et de gestion de l’eau Guadeloupe
4- Site internet de l’observatoire de l’eau Guadeloupe
5- Communiqué de presse de l’ARS sur les sites de baignades de Guadeloupe
6- Chiffres clés de l’eau et de l’assainissement
7- Etat des lieux des masses d’eau de Guadeloupe
8- Plan régional de gestion des déchets de Guadeloupe